25 diciembre 2011

Christine Lagarde (FMI): "L’économie mondiale est en danger" - Le Journal du Dimanche

lejdd.fr, actualizado al 25/12/2011, extracto.-

La directrice générale du FMI estime que l'Europe plonge le reste du monde dans la crise, y compris la Chine et les États-Unis. Elle critique la lenteur des réformes dans l'Union.

La trêve de Noël est bienvenue. Quelques jours de répit pour une planète à bout de souffle. La rentrée sera celle de tous les périls, explique Christine Lagarde au JDD. Depuis son poste de vigie internationale, la directrice générale du FMI voit grossir les tempêtes l’an prochain. "L’économie mondiale est dans une situation dangereuse", martèle-t-elle. "À un tournant très dangereux", a-t-elle insisté cette semaine, à l’occasion d’un déplacement au Nigeria et au Niger. Inquiète, elle observe la zone euro entraîner le reste des pays du globe vers la panne économique et financière. Elle pointe le risque de troubles sociaux.



C’est un double engrenage. Le Vieux Continent plonge dans la récession, freine le commerce mondial et la production. Et sa crise financière se répand en "une crise de confiance dans les dettes publiques et dans la solidité du système financier". Le principal partenaire, l’Amérique, est touché. Ainsi que les pays émergents, moteurs des années 2000 aujourd’hui grippés. Lagarde évoque la Chine, le Brésil, la Russie, "où les prévisions de croissance sont revues à la baisse. Ces pays, qui étaient des locomotives, subissent ces facteurs d’instabilité". Fin janvier, le FMI livrera ses prévisions économiques mondiales. Il tablait jusqu’ici sur une croissance de 4%. Christine Lagarde a prévenu que ce chiffre sera révisé à la baisse.
"Le sommet du 9 décembre n'était pas assez détaillé"

À la peine pour enrayer cette spirale, les dirigeants européens trouvent peu de grâce aux yeux de l’ex-ministre des Finances. Elle fait le constat que les discussions entre Nicolas Sarkozy, Angela Merkel et leurs homologues n’ont pas encore stoppé la crise, se gardant de prononcer leurs noms. "Le sommet du 9 décembre n’était pas assez détaillé sur les aspects financiers et trop compliqué sur les principes fondamentaux." Ce jour-là, les chefs d’États ont prévu un changement des traités de l’Union. Pour engager chaque pays à respecter les règles de bonne gestion. Christine Lagarde précise : "Il y a eu des progrès considérables en Europe mais ils sont graduels et mal compris. Il faut accélérer la mise en œuvre des mesures."

Le blocage est politique. La directrice générale du FMI déplore l’étalage des différends entre la France, l’Allemagne ou l’Angleterre. "Il serait utile que les Européens parlent d’une seule voix et annoncent un calendrier simple et détaillé. Les investisseurs l’attendent. Les grands principes ne les impressionnent pas."
"Le chacun pour soi gagne du terrain"

Elle compare la situation actuelle à celle de l’entre-deux-guerres. "La période que nous vivons ressemble aux années 1930 par certains aspects. À cette époque, les États se sont repliés sur eux-mêmes et le multilatéralisme a reculé. Aujourd’hui, nous voyons certains États relever leurs barrières tarifaires, inventer des obstacles non tarifaires et parfois faire obstacle aux flux de capitaux."

La montée des égoïsmes nationaux est, selon elle, le principal frein. "Il est difficile de mettre en place les stratégies de coalition internationale contre la crise. Les Parlements nationaux rechignent à engager les finances publiques ou la garantie de leur État pour soutenir d’autres pays. Le protectionnisme est dans les débats, et le chacun pour soi gagne du terrain." Diplomate, elle ne cite aucun pays. Mais l’Allemagne – s’agissant de la solidarité – ou la Chine – s’agissant du protectionnisme – peuvent se sentir visés.

Lagarde se montre très attentive à la contagion dans les pays pauvres, traditionnels clients du Fonds monétaire international. "Dans les pays à faibles revenus, les conséquences peuvent être rudes quand les expatriés baissent leurs transferts d’argent. Au Nigeria, les ressources envoyées par les migrants ont diminué de 40% en deux mois. Cette instabilité est un danger pour l’ensemble des pays du monde. La croissance mondiale s’en ressentira."

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